Quelques mots d'introduction

Le nom de ce blog consacré à la BD reprend le titre d'un album de la série "Isabelle", en hommage à ses auteurs, André Franquin, Raymond Macherot, Yvan Delporte et Willy Maltaite (dit Will), qui surent, mieux que quiconque, faire naître de vastes univers dans notre imaginaire au travers de leurs récits graphiques. Ce titre symbolise bien l'empire qui peut être contenu dans l'espace réduit des planches d'un album.

dimanche 12 décembre 2010

Voyage aux amériques de Jijé, Franquin et Morris

Olivier Schwartz
Olivier Schwartz est un dessinateur autodidacte, adepte de la nouvelle la ligne claire (courant qui apparaît dans les années 80 et marque, après une période de distanciation, le retour des auteurs de BD à une inspiration assumée des grands maîtres de la ligne claire, la dérision et la causticité en plus), au trait stylisé et dynamique, alliant caricature et semi-réalisme, qui a fait ses classes au travers de nombreuses illustrations (ou courts récits) dans la presse pour jeunes et par le biais de la série "l'inspecteur Bayard" qui lui sert de  laboratoire.

Ayant décidé d'abandonner cette dernière série, il prépare tout d'abord une reprise de la série "Gil Jourdan", en collaboration avec le scénariste Yann. La fille de Maurice Tillieux refuse toutefois ce projet de reprise dont elle ne souhaite même pas consulter les essais. On peut imaginer qu'à ce moment là, nos deux auteurs n'apparaissent pas encore comme le meilleur choix pour une telle reprise.

Cette collaboration se concrétise finalement au travers de l'album "Le groom vert de gris", dans la collection "Une aventure de Spirou et Fantasio par ..." Cet album sera l'un des plus gros succès de la collection. Il faut dire qu'Olivier Schwartz y fait preuve d'une maturité nouvelle. Si le trait rappelle les origines du personnage en une sorte de synthétise de Rob Vel, de Jijé et de Franquin à ses débuts, la mise en scène y apparaît plus efficace et plus lisible que sur les récits de "l'inspecteur Bayard". Le storyboard dessiné de Yann est sans doute pour beaucoup dans cette évolution majeure qui donne au style d'Olivier Schwartz, le petit plus qui lui manquait jusqu'à présent pour réaliser une oeuvre véritablement remarquable. Sous une facture classique et humoristique, le récit (dont une première version avait été imaginée à l'origine pour le dessinateur Yves Chaland) s'avère quant à lui complexe et subversif à souhait.

Fort de ce succès, le duo travaille actuellement sur un album relaterant une tranche de vie d'André Franquin, Joseph Gillain (dit Jijé) et Maurice de Bévère (dit Morris). La période considérée de leur vie est encore peu connue.

Inquiet de l’avancée du communisme en Europe, Jijé décide de quitter le vieux continent avec sa famille. Franquin et Morris vont le suivre. Ils débarquent à New-York en 1948. Ayant acquis une veille Ford Hudson, ils effectuent le voyage de la côte est à la côte ouest. A l'expiration de son visa touristique, la famille Gillain s'installe quelques mois au Mexique où elle sera rejointe par Franquin et Morris. La bande repasse ensuite la frontière et traverse l'Arizona, le Nouveau-Mexique et le Texas. Durant ce périple, Joseph s’imprègne des beautés naturelles de la région, où, plus tard, il situera plusieurs histoires de Jerry Spring. Après avoir laissé leur vieille Hudson, le groupe reprend finalement le train pour Mexico. Franquin et Morris vont s'y installer, tandis que la famille Gillain louera une maison dans la banlieue au sud de la capitale. Ils y logeront un peu plus de six mois. À la fin de ce séjour mexicain, la famille Gillain recevra finalement un permis de séjour pour les États-Unis. André Franquin décide alors de rentrer en Belgique, tandis que Morris et la famille Gillain s'installeront à Wilton dans le Connecticut. C'est durant ce séjour sur la côte est des États-Unis que Joseph Gillain fait la connaissance de René Goscinny et le présente à Morris. Ce dernier proposera plus tard à Goscinny de scénariser sa série Lucky Luke. À l'expiration de son permis de séjour en juillet 1950, la famille Gillain, faute d'avoir un travail local aux États-Unis, doit rentrer en Belgique. Morris, quant à lui, restera encore aux États-Unis, où il a pu s'établir grâce à son inscription dans une école d'art. Il rentrera en Belgique en 1955.

L'album relatant ce voyage initiatique devrait sortir en 2011. C'est peu de dire que cette histoire qui implique, à la façon d'un jeu de miroir, des auteurs qui ont marqué l'histoire de la BD, inspire une forte attente. Espérons qu'un nouveau succès sur une oeuvre mêlant péripéties et personnages bien typés, convaincra les ayants droits de l'oeuvre de Tillieux de laisser le duo Yann & Schwartz donner vie à leur reprise de "Gil Jourdan".

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